Aux Gourmets, je venais avec mon père.
J’y viens seul ou accompagné sans jamais réserver alors que c’est toujours complet. C’est ma coquetterie de parigot.
Deux fois, le Père Marie m’a viré parce que je ne prenais pas d’entrée (le temps de préparer la viande disait-il…).
Je reviens quand je peux, entre deux rendez-vous.
Je passe de temps en temps pour embrasser la pièce de bœuf et essorer le baba au rhum ; oh ! bien sûr, je commence par une entrée, souvent les céleris rémoulade.
Pour le vin, c’est selon l’humeur, le portefeuille, et l’échange d’idée avec Jean, le fils et actuel patron.
Ouais, c’est vrai, le Bérurier (personnage outrancier, obèse, impudique, ronchonnant…de la série de romans policiers San-Antonio) est parfois au service dans la salle mais, dans l’assiette, y’a du Mozart. Alors, il faut savoir regarder l’un et écouter l’autre. Et puis, quand le Béru met son tutu, il faut se laisser aller, et se marrer avec lui… Il ne faut pas s’arrêter aux apparences un peu rudes du service. Pour aimer faut comprendre. Faut avoir le décodeur.
Les Gourmets est un bistro de parisiens pour le monde entier. Mais faut se plier au protocole. Il y a de la gouaille, de l’exagération, de la maladresse contrôlée… Un peu de rudesse dans ce monde aseptisé, cela ne fait pas de mal !
Aux Gourmets, il y a de la continuité et de l’excellence depuis les trente cinq ans que je le fréquente.
Pas de place pour la fanfreluche et la minauderie. Il faut savoir s’imposer avec discrétion et charme.
On n’est pas riche de ses caprices mais de son désir à se faire du bien.
J’aime les Gourmets des Ternes.