Vanity Fair n° 19 – janvier 2015
Michaël Tumbleweed* est le rejeton maladroit mais inspiré d’une des plus fameuses dynasties hollywoodiennes. Il développe depuis sa tendre enfance une folie douce qui se traduit par le développement de projets extravagants derrière lesquels il se cache. Il est tiraillé par le désir d’être reconnu et adulé tout en redoutant plus que tout la célébrité et son corollaire, la perte de liberté. Il a toujours fait porter ses projets par d’autres. Ce n’est pas lui qui soutint et intrigua auprès des instances olympiques pour faire du diabolo une épreuve officielle. Ses moyens lui permirent d’acheter la Vic Firth Company – fabricant de baguettes pour batterie – et son président fut dans l’obligation, en tant que principal sponsor, de tenir à bout de bras cette ambition surréaliste et loufoque. Il s’appuya également sur la puissante société sucrière Saint-Pouce pour organiser à Cap Cod le 1er Festival Mondial des Triporteurs à Barbes à Papa. Il préféra revendre la sucrière pour empocher d’importants bénéfices et abandonna le festival à d’autres qui ne surent le développer. C’est lui qui finança en Californie la 1ère compétition de véhicules propres fonctionnant sans essence et qui devint le Bidendum Challenge. Il laissa l’idée lui échapper. Il vouait à l’époque une admiration sans borne pour une actrice, il s’éreinta à la séduire mais ne devint jamais son amant. Lors d’un diner qu’il organisa, la belle personne tomba amoureuse de l’acteur le plus couru d’Hollywood qu’il avait également convié à sa table. Loin de s’offusquer de la situation il devint leur chaperon. Une complicité particulière naquit entre ce couple très en vue et lui très en retrait. Il acheta un domaine en Provence afin d’accompagner leur souhait de se marier secrètement, il s’y installa et découvrit la quiétude à quelques encablures de la Riviera, loin de la Californie. Il eu le plaisir de recevoir à plusieurs reprises son couple d’amis et ses six enfants, il assouvit en exclusivité et discrètement son admiration pour la belle actrice. Désabusé de voir les nombreuses pièces de son domaine vides une grande partie de l’année, il créa une fondation et transforma sa résidence en orphelinat. Il le nomma ‘’Angélina’’ et demanda à son amie d’en devenir la marraine. Il ne fonda jamais de famille mais assuma la présidence de l’établissement jusqu’à son dernier jour. Michaël Tumbleweed vécut sa vie par procuration. Sur sa tombe l’épitaphe : ‘’Gone with the wind’’.
*Tumbleweed est le nom que donnait George Whitman à ses passagers volontaires des galères littéraires à sa librairie Shakespeare and Cie. Tumbleweed « virevoltant », à l’image de ces touffes d’herbe sèche que l’on voit rouler au gré du vent dans les westerns.