Paradoxe :
« Plus une société est évoluée plus elle génère de déchets et plus les budgets consacrés à la protection de ses dirigeants augmentent. »
Le choix des mots, la rencontre des photos.
Je suis plutôt candidat au pied de nez réfléchi qu’à la sagesse promptement affichée.
j’ai plus de goût pour les remises en cause permanentes que pour les certitudes proclamées des gourous. J’empreinte plus volontiers les routes tortueuses que les lignes droites.
Je préfère rire de tout pour cacher que je ne me fiche pas de rien.
C’est l’appétit de vivre qui me motive et emporte mon adhésion à telle action ou à telle idée. J’aime croquer la vie à pleines dents. Raison de plus pour envisager un jeûne intelligent.
L’important n’est pas ce que je pense ou ce que je dis mais plutôt la musique que j’écoute, en ce moment ou plus tard.
Je devine dans la passivité consciente une sérénité plus grande que dans les expressions permanentes et énervées de mon cerveau. Je privilégie la contemplation à la réflexion ? Ne pas penser doit être très reposant. Accompagner un laisser-aller volontaire et contrôlé doit procurer une sensation de bien être qu’il me tarde de connaître. En jeûnant on doit laisser le corps réfléchir et s’organiser ?
Alors que la digestion au repos libère de l’énergie pour développer nos capacités cognitives (c’est prouvé scientifiquement) je pense que c’est l’instinct vital et intelligent qui va user de son influence et apporter son calme et sa sérénité à mes pensées et à ma façon de considérer et de ressentir l’environnement.
Il n’y a pas de pensées justes si le corps ni y est pas associé. Depuis quelques temps j’imagine penser comme un arbre. J’ai déjà le prénom, Olivier, je voudrai arriver à ne pas me laisser croire que le cerveau contrôle entièrement mon être. Il y a de l’intelligence dans la matière qui nous compose. En jeûnant on active cette matière. Au cours des grandes journées sans manger serons-nous la ressentir ? Cette matière va se réveiller (révéler) quelque part dans ma conscience, elle va aussi accompagner mes rêves, j’en suis certain. Je l’espère.
Avec le souhait de jeûner et marcher en même temps j’aspire à vivre sur un autre rythme. J’envisage de respirer et de ressentir l’espace, les paysages et le relief différemment. Je veux peser, et poser autrement mon corps et mes yeux sur le sol, m’alléger la carcasse pour libérer l’esprit des habitudes. Marcher comme une respiration du paysage. Je veux aussi mettre mon cerveau en silence et laisser s’exprimer les autres organes. Je recherche l’instinct, la conscience aussi de l’instant minuscule et immense que je vis ici et maintenant. Je retournerai volontiers vers l’inné pour oublier l’acquis. Dans le reflet des évidences imposées, inverser les pôles de l’instinct discret face au réfléchit envahissant. La marche ne demande aucune expérience ni aucune compétence, et cela est bien. On acquière en marchant une simple fatigue et on se vide l’esprit, on y trouve le repos. Marcher pour rien, cela est quelque chose !
Pendant bien longtemps, je me suis égaré à considérer la promenade comme une fuite. Je n’ai pourtant pas cessé de me balader, incapable de renoncer à ce que je croyais être une errance. Il y’a une évidence entre le jeûne et la marche à pied que je voudrai comprendre en la vivant.
Taire le besoin de manger pour goûter le plaisir de vivre, savourer l’acte et le fait primitif de sa simple existence.
J’espère avoir avec moi-même de nouveaux entretiens. J’envisage la marche silencieuse et les pauses bavardes. S’oublier en marchant à jeun, se rappeler d’où l’on vient, prendre d’avantage conscience de ce QUE nous sommes par rapport à QUI nous croyons être. Je suis séduit par l’idée d’être un humble arpenteur et de m’alléger d’avantage chaque jour. Devenir Papillon…
Il y aura toujours plus fort et plus beau que moi : celui qui marchera les pieds nus en chantant.
Le vide est en moi, je n’arrive pas à le cerner et pourtant c’est bien lui qui me remplit. L’invisible exige d’être partagé. Je cours après ce nuage depuis bien longtemps.
J’ai faim d’abstinence et envie de découvrir la sensation d’absence, d’abandon aussi. Je n’ai pas envie de jeûner sans ne rien faire, je ne l’envisage même pas. Je vois de l’agitation et de la tranquillité dans le projet de ne plus manger pendant une semaine et de m’astreindre à une marche quotidienne. En décalage, pas là ou je me suis habitué à prêter attention.
Pourrait-on jeûner seul ?
Je vois dans la décision de ne plus s’alimenter temporairement une grande curiosité de soi et de l’autre. Dans le consentement de s’abstenir de nourriture s’impose l’évidence que je vais vivre amplifié la satisfaction d’apprécier les biens terrestres dont la richesse de vivre en société. Le jeûne est tout le contraire d’un ermitage. La conscience de soi se transforme, l’ouverture aux autres doit être merveilleuse. Je vais à la rencontre des autres pour me nourrir en remplacement de la nourriture que je croyais nécessaire.
Marcher à pied le ventre vide peut-il se comparer avec nager sous l’eau sans respirer ? Je voudrai parfois fondre dans l’onde aquatique. La fin du film LE GRAND BLEU où Jacques renonce à remonter à la surface après une apnée vertigineuse et bien qu’il vienne d’apprendre sa future paternité me dérange et m’interrogera toujours : qu’aurai-je fais dans la même situation ?
Comme beaucoup d’enfant j’ai souvent rêvé d’être un dauphin, aujourd’hui adulte je me rappelle qu’il n’est pas poisson et que tout comme moi il a besoin de son bol d’air.
Ne plus respirer au fond de sa baignoire, combien de temps y rester le plus longtemps possible, nous avons tous vécu cette expérience.
1ère expérience en juin 2018 à Nogaret dans l’Hérault avec Guillemette THIERCELIN.
2e et 3e jeûne en septembre 2019 et juin 2020 dans le Beaujolais avec Laura AZENARD.
Photographie d’un souffle.
Entre Provocation et délicatesse.
Session n° 3 d’Hysterical Literature de Clayton CUBITT.
Je vole comme un poisson rouge.
J’ai mis un masque et des gants blancs pour ne pas me faire remarquer…
« Tour de contrôle à Poisson Rouge : y-a-t’il de l’eau dans le bocal ?
Préparez-vous à sortir les plongeoirs et aussi les amuse-gueules.
Préparez mon grand peignoir, je ne suis pas seul. »
… Prétextant une poussière, je vais me rincer l’œil. Je glisse profiter des courants d’eau entre les jambes d’une belle sirène.
Elle rêve d’une île, je garde mes ailes.
Ensemble nous nous envoyons en l’air et rebondissons au-delà des océans vagues.
Nous nous moquons de l’apesanteur des jours.
J’aime. Je ne sais pas désaimer. Je ne sais même pas ce que cela veut dire. Quand je suis séduit c’est pour la vie. Je ne suis pas fidèle, je suis fataliste. J’essaye de faire les choses, j’économise mon énergie à les entretenir, les déconstruire me désespérerais, les voir s’abimer m’attriste. Par lâcheté je peux m’éloigner, mais je reste attaché aux gens que j’ai aimés, je garde toujours à l’esprit un lien discret et ténu. Je ne sais pas me fâcher. Je vois dans la fâcherie une illusion d’amnésie volontaire à laquelle je ne veux apporter aucun crédit. Je n’oublie pas les gens que j’aime. Ils sont avec moi à chaque instant de ma vie ; pas toujours là à porter mon sac de victuailles, mais présents dans mon esprit et dans mon cœur avec la douce énergie qu’apporte la camaraderie éternelle. Je ne conçois pas qu’on puisse se tromper en amour ni ne plus aimer quelqu’un qu’on a chéri ou alors c’est que l’on ne s’aime pas soit même.
Mais enfin Ubarius, tous ces gens qui se séparent c’est bien qu’ils ne s’aiment plus ? Non, je pense qu’ils vivent sous l’influence de la publicité des sentiments, effrayés par l’héroïsme d’aimer vraiment. Car aimer est héroïque. C’est un exploit que de grandir en aimant et en se rapprochant des autres avec de délicates, généreuses et sincères attentions.
L’amour raté c’est le sentiment d’infini offert à des caniches, l’amour réussi est une œuvre d’art. A tout considérer c’est la meilleure chose à tenter en ce bas monde. Et nous sommes nombreux, dans ce beau destin, à n’être que des bricolos…
Image de film : Indochine ?
Tempête éternelle, grêle souvenir. Immobilité passive.
Des neiges grises disparaissent devant l’apparition évanescente d’une silhouette ocre de Chine. Bitume brulé de glace, pelures du ciel en transhumance. L’horizon s’évapore. Le vent caresse la lumière. Je cligne des yeux…
Je suis à Nice dans un transport imagé et désolant qui me réconforte pourtant.
Paisiblement installé dans une contemplation de l’absence au calme dérangement, je me projette avec délectation dans le cadre proposé.
Acteur silencieux dans un film noir et blanc, je flotte dans le décor éphémère et me déplace entre deux points de fuite ; je poursuis la ligne dans sa courbe blanche et rassurante, balaye le clair-obscur d’un revers de cil, fuit la brillance de l’ondée passagère… Je déguste mon existentielle errance.
J’entends du Chet Baker et vois des charbons bleus.
Merci à ©hristophe Jacrot pour son magique cliché