J’aime. Je ne sais pas désaimer. Je ne sais même pas ce que cela veut dire. Quand je suis séduit c’est pour la vie. Je ne suis pas fidèle, je suis fataliste. J’essaye de faire les choses, j’économise mon énergie à les entretenir, les déconstruire me désespérerais, les voir s’abimer m’attriste. Par lâcheté je peux m’éloigner, mais je reste attaché aux gens que j’ai aimés, je garde toujours à l’esprit un lien discret et ténu. Je ne sais pas me fâcher. Je vois dans la fâcherie une illusion d’amnésie volontaire à laquelle je ne veux apporter aucun crédit. Je n’oublie pas les gens que j’aime. Ils sont avec moi à chaque instant de ma vie ; pas toujours là à porter mon sac de victuailles, mais présents dans mon esprit et dans mon cœur avec la douce énergie qu’apporte la camaraderie éternelle. Je ne conçois pas qu’on puisse se tromper en amour ni ne plus aimer quelqu’un qu’on a chéri ou alors c’est que l’on ne s’aime pas soit même.
Mais enfin Ubarius, tous ces gens qui se séparent c’est bien qu’ils ne s’aiment plus ? Non, je pense qu’ils vivent sous l’influence de la publicité des sentiments, effrayés par l’héroïsme d’aimer vraiment. Car aimer est héroïque. C’est un exploit que de grandir en aimant et en se rapprochant des autres avec de délicates, généreuses et sincères attentions.
L’amour raté c’est le sentiment d’infini offert à des caniches, l’amour réussi est une œuvre d’art. A tout considérer c’est la meilleure chose à tenter en ce bas monde. Et nous sommes nombreux, dans ce beau destin, à n’être que des bricolos…