Les routes qui mènent au paradis sont tortueuses. Combien de fois n’ai-je pas tempêté contre la laideur des artères qui alimentent le cœur des grandes villes ? Le monde est rempli de paradoxes, mais je ne vais pas m’attacher aux bas côtés des choses et m’empêcher d’aller voir à Villepinte les trésors promis par Maison & Objet. Quelque que soit la route empruntée, je me rends à Paris-Nord les yeux fermés, certain de découvrir les propositions magnifiques des embellisseurs de nos intérieurs quotidiens. Je suis invité dans la plus belle maison de France, je ne boude pas mon plaisir en arrivant au Salon ; l’exercice est immuable depuis bientôt 20 ans : dès les premiers pas je m’impose un rythme serein, presque nonchalant, afin de glisser dans un traveling contemplatif et de déguster, ni trop vite, ni trop lentement, les belles choses présentées. Dans mon itinéraire de vieil enfant de l’expo – j’ai travaillé 17 ans dans les salons professionnels – je regarde aussi bien les objets proposés que l’aménagement des stands. J’avoue que je regarde aussi les belles personnes qui s’égrainent de-ci de-là au fil des allées. Je reçois l’apparence de leur beauté et de leurs charmes extérieurs comme un agrément supplémentaire qui caresse mes projets imaginés de décoration intérieure. Une maison, sans un être qui l’habite, un objet sans personne qui le regarde ou le partage ne sont qu’une chose morte et vaine ; visiteurs et exposants sont les acteurs silencieux de mon film bercé aux chants des sirènes. Grâce à eux le salon a du souffle et de la vie. Le spectacle est complet et perpétuellement en mouvement, je suis au cinéma, je suis au théâtre – il y a unité de lieu, de temps et d’action – je suis à Paris, ville lumière et d’inspirations. Aux vents des circonstances et des opportunités se dessinent sur la toile tissée entre toutes les belles figures croisées mes envies de bien être et de bonheur. Je me laisse envahir d’aisances décoratives, mon panier imaginaire se remplit, j’emporte avec moi les eldorados de tissus, les anses de théières rigolotes, les carafes de coccinelles, les bétons à fleurs…, je suis ici, je suis ailleurs. Dans l’espace agrémenté de mille détails savoureux et évocateurs, je vogue sur un champ de promesses. Les décors, les suggestions se déroulent, se chevauchent, se complètent. Dans la déambulation aléatoire et inspirée, les idées s’entrecroisent, s’harmonisent et dévoilent enfin l’ambiance délicieuse à partir de laquelle, dans mon lit le soir, je m’endormirai pour donner naissance à mes premiers songes. Quand je visite Maison & Objet, je pars en croisière.
M&O Féeries, Paris : transporteur officiel d’Ubarius un brin rêveur…
Prochain embarquement les 23-27 janvier 2015